M. Robert Gaillard, antiquaire dans la Haute Ville, a bien décrit cette tour dans le bulletin municipal de Vaison la Romaine en 1990. LA TOUR DE L'HORLOGE [i]
Comment le Beffroi a-t-il été construit et modifié et comment la tour a servi à stocker du blé en temps de pénurie aux XVIIe et XVIIIe siècles
La porte principale fut donc l'objet de toutes les sollicitudes de la part des administrateurs successifs de la ville (consuls), et c'est cela qui est à l'origine de sa bonne conservation actuelle. Grâce aux archives conservées en mairie, nous pouvons refaire l'histoire de ce beau monument.
La partie basse est bien dans le style des portes de fortifications du XIVème siècle. Elle est bâtie en moyen appareil de molasse, à joints vifs. La porte est constituée de deux arcs brisés encadrant le logement (ou chambre) de la herse. Curieusement entre les deux arcs, on trouve deux consoles à ressauts. Aux dires des "anciens", la herse était encore en place, il y a quelques années !
De chaque côté, les gonds des deux vantaux de la porte en bois sont conservés.
Une barre coulissante dans le mur fermait astucieusement la porte.
Sous le porche, on peut voir l'ouverture du Poste de Garde aujourd'hui muré.
C’est au-devant de cette porte que se situait le Pont-levis de bois dont l'emplacement réel ne put être retrouvé, car il fut remplacé par un pont de pierre dès 1682.
En 1529, les consuls de la ville décident de surélever la tour du "Grand Portail " afin d'y placer l'horloge publique qui se trouvait alors sur la façade de la maison commune située sur la Place du Poids.
Ces travaux concédés à Jean GELLAT, tailleur de pierre de VAISON, qui reçut "8 gros par canne de maçonnerie " ( une canne correspondait à 1,97 m environ ).
C'est chose faite en 1533: pour des raisons de sécurité, la maison commune est installée dans la tour du Grand Portail et elle y demeurera jusqu'en 1727.
Nous apercevons les differences des pierres
Après une première restauration de l'horloge en 1565 par Maître Gabriel MEYSSONNIER, serrurier à VALREAS, les consuls de 1634 proposent d'en changer l'emplacement et de la transférer dans la " tour ronde qui est près de la porte de la ville ". Cette tour semble être celle qui domine les jardins de l’actuel Hôtel du Beffroi. Cette décision entraîna un tollé général de la part des habitants et, quoique déjà transférée, l'horloge est remise à son emplacement primitif.
Mais, afin qu'elle soit plus visible, on rehausse pour la deuxième fois la tour : cette fois de 9 à 12 pans. Le travail est confié à Mathieu CARPENTRAS, maçon de VAISON au prix de 25 florins. À cette occasion, on charge Laurent BRUNIER, peintre d'AVIGNON de peindre 5 "montres": 4 pour chacun des côtés de la tour et un, à mettre à l'intérieur pour "servir à celui qui conduira l'horloge". C'est sur cette "montre" intérieure, qu'en 1643 les consuls feront peindre une "image" du Christ et de la Vierge.
En 1650, le conseil communal décide de faire mettre une bonne porte et un cadenas au grenier de la maison de ville où est entreposé le blé, afin de la préserver des vols. On ferme aussi la porte du "membre du contrepoids » de l'horloge, pour empêcher que "personne n’y entre pour y faire immondices ".
L'année 1681 verra le "cimentage" de la tour, et voici le règlement de l'ouverture et fermeture de la porte de la ville pour 1701: fermeture de 10 heures du soir à 4 heures du matin, mais, entre-temps, ouvrir aux gens de la ville «cogneus de probité". C'est dans le dernier quart du XVIIème siècle (circa 1675) que la Grande Porte ou Grand Portail sera nommée Porte vieille, ou Portail vieux .
Mais la cloche ne semble pas être encore à la bonne hauteur pour être vue et entendue de toute la ville. En 1747, elle est transportée sur la façade du nouvel hôtel de ville que la communauté venait d'acquérir vingt ans plus tôt.
Il faudra attendre 1785, pour qu'une délibération municipale établisse le retour de l'horloge dans la tour du Portail Vieux, avec un troisième rehaussement de celle-ci. L'adjudication des travaux de maçonnerie se fera au bénéfice des sieurs LAZARE et GARCIN au prix de 625 livres de France pour élever la tour de 12 pans. L'exécution de l'horloge sera attribuée à Joseph MAZET de VALREAS pour la somme de 494 livres et le sieur JOANNIS recevra 752 livres pour le prix de "la cage de la dicte horloge pesant seize quintaux quatre-vingt-trois livres, de deux cadrans pesant deux cent quarante livres et de la balustrade pesant cinq quintaux ".
Le 15 juin 1786, le sieur BRECHET, horloger à SEGURET, nommé expert pour contrôler le travail, n'ayant pu s'acquitter de la mission en charge le sieur MAURIN, horloger de CARPENTRAS, qui, le 6 août de la même année déclara " l'ouvrage bon, solide et conforme au devis ".